dimanche 12 février 2017

Le Belcourt

9.      L’EX CINEMA « LE MUSSET » NOUS QUITTE – LE BELCOURT –   C’était en 2014

Photo prise le 25 décembre 2016


Le Musset sera lâché pour la première fois, par les siens, en ce mois de juillet 1962. Certes, la douleur est forte très forte mais néanmoins supportable. Il trouvera comme toujours à ses côtés ses amis de la francophonie* pour lui tenir compagnie et passer encore de belles années ensemble. Fort de ce soutien, le Musset continue de « tourner » dans la joie et l’allégresse. Les soirées de variétés qu’il donnera feront de lui le maître du spectacle belcourtois. Hélas ! la joie sera de courte durée. Il n'en aura pas pour longtemps. C’est au tout début de l’année 75 qu’il apprendra que ses amis de la francophonie, auxquels il doit beaucoup de respect, ne sont plus là pour l’assurer de leur soutien. Ils ne seront plus là pour le réconforter et le protéger. Il saura de nouveau qu’ils l’ont quitté pour d’autres cieux* plus sereins et plus cléments. Il continue cependant de donner de petites soirées de divertissement pour quelques cinéphiles. Juste le temps d’oublier sa déprime.
L’introduction de la langue arabe, en cette même année, va chambouler la donne. La langue française sera reléguée au second rang ou presque et disparaît peu à peu. Elle sera maintenue pour peu de temps, le temps que la transition se fasse en douceur. Le système éducatif colonial est balayé, cette fois, le Musset est rejeté par cette nouvelle pépinière en herbe qui ne le connaît pas et qui ne veut pas non plus de lui. On le traite même de pervers*, il incarne l’esprit du mal, dit-on. Le Musset ressentira une nouvelle fois et durement les effets néfastes de cette désertion. Ce gentilhomme, auquel les dames de la cour faisait jadis la courbette, matin et soir, sera privé de sa toilette* quotidienne. Il laissera apparaître les premiers signes de son mal de vivre au tout début de l’année 77. Las, et désespéré, le Musset sombra aussitôt dans une profonde neurasthénie. Il sera livré sur son lit de mort à toutes sortes de maladies infectes, rats, cafards, araignées, chats, détritus  … feront l’affaire. « Un dépravé, qui n’est plus de son temps » disaient ceux qui ne l’ont même pas connu. « Il n’arrive plus à se tenir debout, il risque de s’écrouler à tout moment, abattons le avant qu’il ne soit trop tard. » menacent à leur tour les ultras.
Le Musset sera finalement cédé, sur arrêté municipal de la ville du Ruisseau auquel il relève, aux engins de la mort qui ne tarderont pas à le réduire en bouillie.
Ainsi, finira dans la détresse et le dénuement* total, celui qui, hier passait son temps à divertir les autres et qui, finalement ne trouvera plus personne pour le distraire à son tour. On ne parlera jamais du système éducatif de l’après 80 ni de l’ingratitude des gouvernants et encore moins de l’hypocrisie des hommes.
Le tort du Musset, c’est d’avoir fini dans les bras de ceux qui n’appartenaient pas à la même classe royale que lui.

FRANCOPHONIE : Une grande amitié le liait, en son temps, à ses vieux amis auxquels de grandes marques de civilité les rapprochaient.
CIEUX : Beaucoup de ses amis seront appelés à poursuivre leurs études à l’étranger. D’autres préfèrent voir de nouveaux paysages. Ils ne reviendront jamais.
PERVERS : C’est ainsi, que certains qualifiaient les cinémas en particulier et « l’art » d’une manière générale.
TOILETTE : Les travaux de ravalement et de réfection ne seront jamais réalisés (murs fissurés, toiture lézardée, façade noircie, sièges usagés non rempaillés …)
DÉCHÉANCE: Tout comme le furent les vieux cinémas de Belcourt dont on en compte près
de 9.

10.     LA PAIX DES BRAVES

Selon les dires de certains habitants de Aïn-Taya, établis en France depuis bien longtemps, et de retour au bled pour y respirer le doux parfum de ce petit bourg, Gendy, cet ancien colonel de l’armée française, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, saura se « racheter » et courageusement, à la manière des grands hommes. Il réussira, toujours selon ces derniers, à dénicher un emploi à plusieurs amis de Aïn-Taya, en quête d’un travail et sur le point de quitter la France vers d’autres cieux.
On croit savoir que c’est parce que Gendy a été fortement marqué par les évènements d’hier qu’il a cédé à ses pulsions de vieux baroudeur. C’est, en quelque sorte, l’illusion de quelqu’un qui a tout perdu et dont il ne reste rien qui est à l’origine de ce geste noble et inoubliable. Un bon perdant, comme on dit dans le langage familier.

LA SUEUR DES HOMMES ET L’ODEUR DES CHEVAUX

Tard le soir, à la sortie des champs, M ……… ouvrier maraîcher, se vit interpeller par Gendy le propriétaire, quelques tètes de cardamine sous le bras. « Hé toi ! donne ça et au plus vite aux chevaux et devant moi pour je puisse voir et ne t’avise plus de recommencer. D’accord ! ». Des propos amers qui nous rappellent ceux lancés par l'ex chef de l’Etat brésilien à ses proches : « Je préfère l’odeur des chevaux à celle du peuple. ».


11.     CLAUDE CHEYSSON, L’INFATIGABLE HOMME « VENU DU SUD »

Fin diplomate, habile manœuvrier, rompu aux négociations les plus dures, ce brillant polytechnicien représente, aux yeux de beaucoup, l’un des diplomates les plus en vue de la fin du XXe siècle. Un sourire charmeur, qui vient du cœur et qui ne le quitte presque jamais, même dans les moments difficiles des négociations. Un vocabulaire académique qui le rapproche davantage des hommes de la Ve république avec lesquels il a beaucoup travaillé. Claude Cheysson, demeure à côté de Jean-François Poncet et de Hubert Védrine, l’un des diplomates qui ont le plus marqué la diplomatie française de ces trente dernières années.
Une longue chevauchée dans le sahara, une grande expérience d’homme de terrain, un tempérament d’acier et une forte aptitude à gérer les affaires courantes de l’Afrique ….. Autant, de qualités humaines acquises à l’époque où il avait la haute main sur le sahara, qui lui ont ouverts grands les voies de la communication  et qui ont fait de lui un grand spécialiste de l’Afrique.
Claude Cheysson eut à traiter tout au long de sa carrière au sein de l’administration les grandes affaires qui ont fait beaucoup plus tard les grands dossiers des Nations Unies.
Le Sahara, un dossier épineux, brûlant, tout comme l’est le soleil du désert, qu’il maîtrise parfaitement pour avoir été le Directeur Général de l’Organisme Technique pour la mise en valeur des richesses du sous-sol algérien, aux côtés de l’irréprochable Olivier Guichard, de Jordan, de René Martin et de Roland Billecart de la Genière. Ces trois dernières personnalités  furent membres du conseil d’administration. Il eut également pour collaborateurs André Feuche, chargé de mission aux affaires générales ; Maurice Allègre, Directeur des mines ; André Ponton, Directeur de l’infrastructure ; Guy Fety, chargé de la documentation, de l’information et des Relations publiques et Yves Galmot, chargé des Relations à Paris.
Claude Cheysson fut le premier chef de la diplomatie française à se rendre en Algérie, en 1984, à l’occasion de la commémoration du trentième anniversaire du déclenchement de la révolution armée du 1er Novembre 1954, en dépit de la colère des partis d’opposition, des associations de rapatriés et de plusieurs députés socialistes. Même l’honorable Georges Gorse, député R.P.R et président de l’association France – Algérie et vieil ami de l’Algérie a renoncé à faire partie du voyage. « L’affaire a pris un tournant politique » dira t’il à ses proches.

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