dimanche 12 février 2017

Les cendres de la nostalgie

LES CENDRES DE LA NOSTALGIE
2ème partie

Ce chapitre est un recueil à caractère historique, sociologique, culturel et littéraire. Il est dédié à la Bibliothèque Nationale d’Alger et à tous mes amis du Ruisseau. Les photos, articles, commentaires ou autres insérés dans cette rubrique appartiennent dans leur intégralité à l’auteur. Toute reproduction même partielle du contenu de ce chapitre sans l’accord préalable de ce dernier est strictement interdite.

1.      LA PORTÉE DES MOTS ET LE POIDS DES ANS
Le Ruisseau, année 62

Nous sommes regroupés dans cette grande salle à manger face à notre poste de télévision. Le couvert est dressé. Le meuble sur pieds me sert aussi de table d’écolier. Il est 20h. C’est l’heure des informations télévisées : Le crépitement du flash se fait entendre au loin. Le commentateur de l’époque relate l’actualité politique du jour riche en sensation. Le duel Kennedy/Khrouchtchev supplante les évènements d’Algérie encore fraîches. Le conflit américano-soviétique entre dans une phase cruciale. Le fossé s’élargit entre les deux grands. Il prend des proportions alarmantes et tient le monde en haleine. « En bon diplomate », mon père nous disait que la crise de Cuba risque de dégénérer à tout moment en une Troisième Guerre mondiale. La prudence doit être de rigueur. A chacun des antagonistes de faire preuve de sagesse, ajouta-t-il. Ces propos ne m’effleuraient même pas. Je n’y connaissais rien à la politique. J’avais à peine neuf ans. J’étais en classe de cours élémentaire de 2ème année.
J’ai appris beaucoup plus tard par l’entremise des médias et par la plume de ce talentueux écrivain journaliste et grand reporter international, qui eut à couvrir l’évènement, la portée historique de cette crise aux dimensions incommensurables.
Juin 1977, cet homme, invité à la cérémonie de fin d’année à …………… à laquelle furent conviés bon nombre de personnalités françaises et étrangères m’invita en compagnie de deux autres amis à dîner chez lui.
Je téléphonais aussitôt à mon père resté en Algérie pour lui faire part de cette entrevue mémorable.
« Ces propos ne m’effleuraient même pas ». Comme s’il m’avait entendu, ce jour là. Il a fallu attendre quinze ans, le temps que je sois plus mûr, pour que le message passe entre nous deux.

2.      LA PASSION EN HERBE
Les années fin 70

L’Etat-major de cette grande firme internationale ……………… se rend dans la propriété privée de son P.D.G. ………………..* pour l’informer des derniers développements que connaît le monde de l’informatique, en matière de technologie, sur le devant de la scène internationale. Ce dernier se trouvait dans son bureau de travail en compagnie de sa petite-fille toujours prête à lui apporter un peu de gaieté et de chaleur. Ce matin là, elle ne cessa de griffonner sur du papier bristol qu’elle froissait à chaque fois.
Sitôt arrivés, ces messieurs vont s’adonner, tout comme l’exige le protocole à une demi-heure de relaxation (salutations d’usage, apéritifs, tour d’horizon …) avant d’aborder les questions internationales.
Obnubilée par la présence soudaine de tout ce beau monde imprévu, émue par tout ce branle-bas auquel se livrait cette délégation de haut niveau*,  grisée par tant de sollicitudes au point de ne pouvoir plus se retenir, notre petite demoiselle se dressa subitement sur ses petits chaussons et entreprit de jouer le rôle de l’institutrice et d’inculquer et comme il se doit, à ces messieurs trop bavards, les derniers cours de calcul appris la veille. L’assistance tout ouïe s’en est donné à cœur joie et lui a même promis de retenir la leçon. Gêné et confus, le huissier fit son entrée dans la salle, pris sagement la petite fillette par le bras et l’invita à se rendre dans l’autre pièce où il y’a tant de belles choses à voir et à croquer.

……… : Ce dernier s’est rendu, à deux reprises, en ces premières années 80, dans ses ex bureaux situés au ……….. bd Saint Saëns à Alger. Il fut également invité officiel de l’Etat algérien et eut à effectuer en ces mêmes années 80 une visite au Centre National de l’Informatique dont le siège se trouvait à Oued-Smar.
-         Une enfant fragile car issue d’un milieu aristocrate où domine l’aisance dans la parole et les actes. Ce monde privilégié ou plutôt cette manière à elle de se conduire dans sa classe ou dans son école, qui est loin d’appartenir à son entourage, a fait d’elle une élève réservée. La présence de ces messieurs constitue un bon antidote. Elle va lui permettre de monter sur l’estrade et de révéler sa vraie personnalité, jusque là effacée sur les bancs d’école. Une façon de revendiquer haut et fort son appartenance à ce monde. Elle venait de créer son petit monde à elle. Cette fillette, aujourd’hui grande dame a décroché, il y’a plus de quinze ans, le second rang à sa sortie de l’école des Mines.

NIVEAU : Ces messieurs porteurs de cartables bourrés de documents dans une main, attachés-cases dans l’autre main et serviettes sous le bras l’avaient tellement influencée au point de s’identifier à sa maîtresse d’école et de se dire « et pourquoi pas ne pas donner des leçons à ces messieurs trop bavards ». 

3.      MON VIN SERA MONTSERRAT
année 1974

Fervent adepte du jeu de la raquette et de la petite balle, ce jeune homme âgé à peine de 40 ans, connu sous le nom de Montserrat, passait ses longues soirées de week-ends à fréquenter le court de tennis de Bachdjarah*. Un endroit calme, paisible et de bonnes convenances* pour ce jeune loup plein d’entrain et de dynamisme capable de rehausser haut et fort la marque Montserrat face à la dure concurrence nationale, qui n’a pas de prix, et qui l’oppose à l’O.N.C.V *.
C’est à Boumadfaâ, un petit bourg à vocation agricole, distant de près de 30 kms de Khemis-Miliana ex Affreville qu’est situé l’ex domaine dit Château Romain de Montserrat qui portera peu-après l’appellation de Vins Château Romain … . Montserrat fut le premier à commercialiser le vin en carton, bien avant l’O.N.C.V et de très loin …. En 1973/74, l’O.N.C.V lança la « cuvée du Président » et Montserrat fut le seul à lui emboiter le pas avec la « cuvée spéciale Montserrat »……
……. « Mon vin sera Montserrat » tel est le slogan publicitaire apposé sur les bouteilles de vin Montserrat…. C’est également dans ses usines implantées sur les hauteurs du Ravin* de la Femme Sauvage que Montserrat donnera naissance, pour la première fois, à Orangina et Martinazzi Bitter. Deux grandes marques de boissons gazeuses qui iront flirter avec la limonaderie nationale et rivaliser avec celles des pays d’Outre-mer.
Ces premiers succès obtenus à force de labeur ne vont pas sans quelques difficultés ni encombres. Ils vont peser lourd sur la griffe Montserrat qui sera revendiquée par D. …..  qui se dit être seul propriétaire et unique détenteur de la marque Orangina Algérie depuis l’indépendance.
Certains passages expurgés en dernière minute de leur contexte peuvent prêter à confusion dans la lecture du texte.
BACHDJARAH : On est à quelques centaines de mètres de l’ex usine de pneumatiques Michelin.
CONVENANCES : C’est ici, que l’on y côtoie le monde des hautes sphères attiré par les plaisirs mondains (séduction, réception, dîners, voyages …).
O.N.C.V. : L’Office National de Commercialisation des Vins. Un organisme étatique longtemps sous la coupe d’un P.D.G nommé Kara-Terki Mohamed lui-même président de la Fédération Algérienne de Foot-ball.
RAVIN : On n’est pas loin des ex terres vinicoles de Lung Frédéric.

a.     GUERRE DES MARQUES

Concurrence déloyale, usurpation de titre, viol de la propriété industrielle et artistique, dépossession de marques, contrefaçon, non-respect du droit des marques, usurpation de l’identité d’autrui, plagiat….. Autant de conflit d’intérêt à visage à demi-caché. Un pillage qui a pour nom « guerre des marques ».
Les sociétés européennes sont victimes de la guerre des marques. Une nouvelle forme de guerre déloyale menace, en dehors de ses frontières, l’industrie française si prospère du temps de Louis XIV. Cette industrie, parlant seulement de celle de luxe, se trouve confrontée à une nouvelle forme de guerre des marques qui s’est développée à partir de 1977 en Chine, au Brésil, en Afrique du Sud, en Indonésie, à Taiwan, en Thaïlande …. Des pays qui disent avoir de nombreuses bouchées à nourrir. Et c’est là, où la mafia fait la loi.
La partialité des lois, conçues par les barons de la mafia de certains pays d’Amérique du Sud, de l’Asie suivie de corruption, de blanchiment d’argent et du laxisme de l’administration accordent comme par hasard, à un contrefacteur local de déposer la même marque ou presque et d’attaquer ensuite la marque d’origine en « déchéance ». Comme ce fut le cas au Brésil. Ainsi, la marque Lacoste a-t-elle été déchue le 4 mars 1980 à la demande de la société brésilienne Textil Lacoste. Le 15 août de la même année ce fut le tour d’Hermès au profit d’une autre entreprise spécialisée dans la contrefaçon. Le 23 septembre la société Paco Rabanne était « dépossédée » de sa marque au profit d’un Pacco Rabane do Brazil. Enfin, la firme Christofle, implantée au Brésil depuis 1974 se trouve dans l’impossibilité d’attaquer un contrefacteur local qui vend des copies sous les marques Chris, Christof ou Christofoli.

b.     LA PULPE ORANGINA ET LA VALSE DES PROCÉS

Selon ce magistrat, issu de la vieille école coloniale, qui a instruit l’affaire Montserrat / D……………. au début de l’année 1969, une brèche que Montserrat n’a pas pris soin de colmater à temps serait à l’origine de ce vieux procès qui remonte à cette même année. Une faille que le narrateur se garde d’évoquer, a permis à la partie adverse de glisser entre les mailles du filet et de permettre à D……………. d’invoquer ses prétentions et de marquer des points. Montserrat sera débouté par le tribunal d’Alger et sommé de payer les dividendes à D…………… . Une « erreur de parcours » dont il n’avait pas mesuré les risques auparavant et qu’il payera chèrement. On parlera en cette époque de motivations politiques. En fait, Montserrat fut lâché par les siens ou la ………….………… des eaux pour avoir « omis » de prêter allégeance à la cour …. . Attaqués de toutes parts, Montserrat dut se batailler tout seul et finira par baisser les bras.
Aujourd’hui, un autre procès, identique à celui-ci, oppose de nouveau D……………… à une autre entreprise de boissons gazeuses Sidi-el-Kébir de Zaïm et même à Orangina  ………… Pour D…………., rien n’est terminé, il reproche à ……………….. l’ex ministre de l’industrie et du commerce de ne pas être neutre dans le conflit qui oppose Orangina* Algérie à Orangina France et de prendre le parti des Français, dira-t-il. « Il a même mis fin aux fonctions des deux directeurs-généraux de l’Institut National Algérien de la Propriété Industrielle, afin d’éviter que ne soit enregistré au niveau de cet organisme, les deux verdicts judiciaires de l’année 2004, m’accordant, poursuit-il, l’exclusivité quant à la fabrication et la commercialisation d’Orangina en Algérie »*.
Point de vue de l’auteur : Pour rappel, Orangina et Martinazzi, ces deux grands noms de la boisson gazeuse algérienne existait bien avant 1962 et Montserrat fut le seul et unique producteur et distributeur de la marque Orangina France.
Il n’y a pas Orangina Algérie, il y’a une licence donnant tout juste le droit à la production et la commercialisation du produit. Cette licence peut-être retirée à tout moment*.  Et les clauses du contrat peuvent être revues si un litige pouvant porter atteinte à la renommée de la marque apparaît entre les deux parties. Tel est le cas, ici. De ce fait, une grande responsabilité incombe à la ………………… des eaux  qui n’a pas « joué le jeu » et qui doit s’investir davantage.

ORANGINA ALGERIE : Une meilleure façon d’impliquer l’Etat algérien dans le contentieux qui l’oppose à Orangina France et de généraliser ainsi le conflit.
MOMENT : À revoir cette clause qui donne droit comme pour l’éternité, à un plein pouvoir à son titulaire.

Nous les citoyens...

4.      NOUS, LES CITOYENS DE LA RÉPUBLIQUE

Quelques types de personnalité que le narrateur a eu le privilège de connaître de près ou de loin ou de voir défiler tout au long de son cycle universitaire en France. Il évoque également pour nous quelques impressions rencontrées, par-ci par-là, qu’il nous fait partager en six volets. Il en tire, quarante-quatre ans après, une belle analyse enrichie de thèmes nouveaux et de personnages récents. Une étude sociologique fort intéressante qu’il nous propose de découvrir ensemble.

LES SUISSARTS -I-

§  Ce sont des gens heureux dans leur vie de couple, dans leur monde à eux, dans leur environnement parfait. Ils sont bien dans leur peau et ne veulent que du bien à l’humanité. Ils voient toujours la vie en rose et préfèrent vivre en parfaite harmonie avec la nature. Paisibles et attentionnés, ils profitent de la vie au maximum. Ils aspirent à voir un monde calme et serein, loin des bombes et des morts. Ne leur parler surtout pas du nucléaire, ils en ont horreur.
§  Ils sont prêts à vous aider, à aider les autres, même s’ils ne vous connaissent pas. Ils sont toujours prêts à vous écouter, à lire et à relire vos ouvrages, à recommander vos écrits à d’autres, à vous encourager, à vous prodiguer des conseils … Bref, à dire du bien de vous là où l’occasion se présente. On dit qu’ils aspirent à mieux faire connaître le passé, le présent et le futur et à mieux les faire revivre pour leurs enfants et pour les autres.
§  Parlent et reparlent de vous à leurs amis, au libraire, au boucher et citent même votre nom au téléphone. Sourient et vous sourient lorsque vous passez à l’antenne. Leur bonheur est de voir une fleur pousser dans les jardins du Château de Versailles ou un oiseau boire de l’eau du bassin du palais de Luxembourg ou une clarté de soleil briller dans la véranda du voisin d’en face.
§  Participent à des randonnées pédestres pour enrichir leurs connaissances et nouer des contacts. Font des croisières pour voir le monde et surtout pour mieux connaître des pays tels que la Norvège, la Suède, la Suisse, l’Autriche, l’Australie, la Finlande, l’Irlande, la Pologne, la Hongrie, la Bulgarie, l’ex Tchécoslovaquie, … où ils ont même un pied d’attache.
§  L’Amérique latine et ses vieilles civilisations, les riches peuplades des Aztèques et des Mayas les fascinent … Le Chili, l’Argentine¸ la Colombie, la Bolivie, le Brésil, l’Équateur, le Pérou, l’Uruguay, le Mexique, le Vénézuela, le Cuba, le Costa Rica, le Panama, le Honduras, le Nicaragua et la Nouvelle Zélande … sont leurs terrains de prédilection … Ce sont en fait de grands géographes.
§  Vivent du produit de leurs actions investies dans les grandes maisons de vin, dans l’agro-alimentaire, dans le monde de l’édition, dans celui du parfum et de la haute-couture, dans l’industrie médicale et pharmaceutique, dans les circuits de tourisme, dans les clubs de la jet-aviation, dans les cercles de plaisance et les clubs nautiques, dans l’aéronautique et les usines de l’automobile … .
§  Nestlé, Gloria, Suchard, Lindt, Kohler … Martini, Ricard, Pernod, Perrier … ne leur sont pas étrangers.
§  Porte un intérêt grandiose dans tout ce qui brille ou est en or, c’est-à-dire à la culture et aux sciences humaines en général. La littérature, la sociologie, la psychanalyse … sont leurs passions préférées.
§  L’histoire des grands hommes les impressionne ; Napoléon, De Gaulle, Kennedy, Nehru, Lindbergh, Saint-Exupéry, les frères Wright, Pasteur, Cousteau, Blériot, Jaurès, Foch, Joffre, Clémenceau…  sont leurs hommes à eux.
§  Maxime Gorki, Tolstoï, Gustave Flaubert, Honoré de Balzac, Stendhal, Rimbaud, Lamartine, Verlaine, Mallarmé, Zola, Baudelaire, Jules Verne, Chateaubriand, Montesquieu, Diderot, Alfred de Vigny, Alexandre Dumas, Péguy, George Sand, Victor Hugo, Drieu La Rochelle, Bernard Clavel, Georges Duhamel, Henri Bosco, Maurice Genevoix, Anatole France … les ont marqués.
§  On dit que beaucoup de gouvernants et de dirigeants d’entreprise des années 60 et 70, qu’ils ont aidés dans le passé et dans les moments difficiles, furent leurs compagnons « d’armes ». Citons parmi eux ; Michel Debré, Pierre Messmer, Robert Schuman, Alain Peyrefitte, Jaques Delors, Louis de Guiringaud, Alain Poher, Jean-François Poncet, Jean-Jacques Servan Schreiber, Michel Jobert, André Malraux, Claude Cheysson, Charles Pasqua …
§  Contribuent par la grâce de leur générosité à financer les centres de recherche scientifique, à aider les missions humanitaires telles que Médecins sans frontières, Amnesty international, Ligue des droits de l’homme et à porter secours aux victimes des atrocités de guerre, aux sinistrés des calamités naturelles et à prêter assistance aux affamés du Bengladesh, du Soudan et de la Somalie…..
§  Participent à des travaux de recherche sur la vie des bêtes. Prennent part également aux expéditions maritimes (odyssée marine, océanographie…) aux sciences de la terre (géologie, vulcanologie, glaciers polaires …) et à l’étude de la zoologie (ornithologie, quadrupède, faune alpestre …). Cette passion pour le genre animal les pousse à se rendre deux fois par an au Kenya ou en Australie pour y faire des excursions de safari.
§  Mécènes, ils ne peuvent se passer de l’art des grands peintres et font quelquefois des visites dans les galeries d’art à la recherche d’une collection privée ; Monet, Renoir, Gauguin, Manet, Rembrand, Van Gogh, Picasso … les ont imprégnés.
§  Férus de musique, ils passent une bonne partie de leur temps à écouter la musique philarmonique et classique ; Bach, Beethoven, Chopin, Mozart, Schubert, Georges Brassens, Jean Ferrat, Léo Ferré, Serge Reggiani, Tino Rossi, Edith Piaf, Maurice Chevalier, Georges Moustaki, Jacques Brel, Salvatore Adamo … font partie de la richesse musicale de leurs albums.
§  Déplorent l’arrêt des documentaires et des programmes télévisés et radios tels que ; « les grandes aventures » de Daniel Costelle et d’Henri de Turenne, « En votre âme et conscience » de Pierre Desgraupes« au théâtre ce soir » de Pierre Sabbagh « les dossiers de l’écran » d’Armand Jammot, « l’antenne est à vous »  de Gonzague Saint Bris, « Histoire d’un jour » de Philippe Alfonso, « la nuit est à nous » de Macha Béranger.
§  Ils ne cessent de recommander à leurs enfants qui ont intégré les grandes écoles, Polytechnique, L’E.N.A, les Arts et les Métiers, L’Ecole Centrale, Les Mines, H.E.C, Sup-aéro, Supélec … et rejoints les grands corps de l’Etat (inspection des Finances, économie, magistrature …) à faire preuve de circonspection dans leurs actes et leurs paroles et surtout à s’entourer de prudence de patience.
§  Se recueillent comme  chaque année à la mémoire des victimes des chambres à gaz d’Auschwitz  et de Maulhausen…… L’Europe a besoin de ces gens là et c’est grâce à eux que l’Occident se fait entendre au loin … et mène le pas et rythme même la cadence. On les aime bien, très bien même. Ce sont nos parents et nos grands-parents. Ils méritent l’appellation de Suissarts.

LES SAVOYARDS -II-

§  Un type de personnalité irréprochable. Une vie de famille idéale. Personnalité, diplomatie, courtoisie, disponibilité, compétence, sagesse, tact, souplesse ….  sont les vertus essentielles de cette catégorie d’hommes. Fils d’académiciens, d’hommes de lettres, de diplomates, d’agrégés de lettres classiques, de grammaire … Ils ne diffèrent pas trop des premiers. Ce sont leurs enfants et leurs petits-enfants. Ce sont aussi nos aînés dans la vie professionnelle. On les respecte bien. On les apprécie bien.
§  Diplômés de Polytechnique de l’E.N.A, de Princeton, de Stanford, d’UCLA., ils enseignent dans les grandes écoles ; à Polytechnique, à la Centrale, aux Arts et Métiers, aux Mines, dans les Hautes Études, dans les universités américaines, britanniques et canadiennes où ils ont une forte cote.
§  J.L. Raffarin, J.P. Chevènement, J-F. Poncet, Alain Juppé, Claude Cheysson, Jacques Delors, Claude Barnier, Dominique de Villepin … appartiennent à cette catégorie de gens ……… . Jacques Maisonrouge en est une grande tête d’affiche dont la notoriété dépasse les frontières européennes. Lionel Stoléru, un brillant ténor à Polytechnique et à Stanford, qui préfère la musique classique à la formation professionnelle où il s’ennuyait tant. Et Albert Minc, un économiste, touche à tout, major à l’E.N.A, qualifié par certains de « jeune loup aux dents longues » qui arrive toujours à accrocher des points et à séduire un audimat branché, en quête de sensation.
§  Les dossiers chauds, brûlants ou encombrants, c’est à eux qu’on les confie. Ils jouissent d’une forte estime dans le monde arabe en raison de leur fort engagement d’homme et d’honneur. Et c’est dans les monarchies du golfe, avec lesquelles ils ont signé de gros contrats d’armement, qu’ils sont le plus appréciés. Polyglottes, outre l’arabe, qu’ils maîtrisent peu ou parfaitement, ils parlent trois ou quatre autres langues.
§  Cette diversité dans les langues les rapproche davantage de la vie politique et des tractations que vit la scène internationale. Et c’est dans l’hémicycle et les réunions privées qu’ils se retrouvent le mieux.
§  On leur attribue de grandes qualités de gestionnaires. Occupent des postes-clés dans les États-majors des grandes entreprises (Dassault, I.B.M., Burroughs …), dans la recherche médicale et pharmaceutique (Sanofi, Aventis, Pfizer, Johnson, Merck …) dans les grandes compagnies pétrolières (Shell, Total, Mobil-Oil, Esso-Standard …) dans les centres de recherche nucléaire, dans l’industrie militaire (Chars Panhard, avions Rafale). Bref, l’Industrie, les Finances, l’Economie, l’Informatique, le Commerce extérieur, le Marketing, les Relations internationales sont leurs domaines privilégiés.
§  Réputés pour leur conduite exemplaire, loin des femmes, du vice et  de l’alcool, ils mènent une vie pure et saine. Évitent les soirées de divertissement ce n’est point par orgueil, mais plutôt par nature. Accordent également peu de place à la pub … Ils préfèrent se consacrer à leur travail, à la recherche et à leur vie de couple. En profitent pour passer leurs vacances en famille loin du stress de la vie industrielle, dans des coins réputés pour leur calme et leur tranquillité (Tahiti, les îles marquises, la Guadeloupe, le Sahara …) dans la brousse du Kenya ou dans les réserves naturelles de l’Australie.
§  L’Islande, la Norvège, la Suède, l’Autriche … sont leurs lieux de villégiature. Bordeaux, Rouen, Lyon, Lille, Luxembourg, Toulouse sont leurs points d’attache.
§  De tempérament calme et attentionné, ils se livrent à temps perdu à l’écoute de la musique classique, au scribe de l’histoire, à l’écriture, à la géographie, et aux joies et à la passion du naturalisme (études des plantes et des animaux).
§  La vie en groupe les a durement forgés pour mieux les adoucir. On les appelle les Savoyards.

LES VIRUSMANN -III-

§  Fils d’avocats, de notaires, de juristes … ils appartiennent ou sont élevés dans la plus pure tradition des gens du barreau. Ils sont là « pour vous » et uniquement pour votre argent et pour tout ce qui se rapporte à votre fortune. Ils se sont accaparés le virtuel, rien ne les intéresse à part votre argent. On dit qu’ils vous voient en billets de banque. Évitent de parler pour ne pas trop se gourer et ne pas à avoir à payer plus d’impôts. Ils vous donnent l’image de gens respectables prêts à se « sacrifier » pour vous et pour autrui. Ce sont des chasseurs. Ils tirent sur tout ce qui bouge. Ils n’épargnent personne même pas leurs amis. Ils sont là, à la recherche de coups fourrés, en quête de sensations nouvelles. Bref, pour tout ce qui est utile et agréable, ils aiment le nouveau et le renouveau. L’internet et leur domaine privilégié. C’est une bénédiction du ciel. Ils profitent de la faiblesse et de l’ignorance des autres. Ce sont les nouveaux bobards du virtuel. Méfiez-vous, plus ils en parlent moins ils en font. Autant de qualificatifs pour les nommer, requins, pirates, vautours, sangsues … Leur donner votre nom, ne serait ce qu’une fois, c’est un peu de soi-même qu’on monnaye. Sachez qu’il sera utilisé là où  l’idée ne vous viendra jamais à l’esprit. Là où il y’a une brèche à boucher, quelque part dans le monde. Il ira comme à chaque fois alimenter leurs réservoirs en panne en d’autres lieux, sur une autre planète. Même si vous n’êtes plus de ce monde, il continuera de les servir. Vous le trouverez probablement dans l’Alaska ou dans la Colombie britanniqueEnfin, et si vous aimeriez en savoir plus, beaucoup plus, votre nom ira servir cette fois de code de transmission aux données informatiques des sous-marins nucléaires des super-puissances qui n’arrêtent pas de patrouiller dans les eaux irradiées de la mer Baltique, proche de la Finlande
On retrouve cette catégorie de gens dans les grands réseaux dits sociaux, dans les circuits de communication, dans certains services de presse, dans les clubs de contact, dans les sites généalogiques … « Pour être plus prêts du citoyen », disaient-ils.
§  Parcourent la planète ; les États-Unis, le Japon, le Canada, la Chine, l’Inde … à la recherche d’éléments nouveaux qui leur permettent, cette fois, de voir le monde d’en haut, du ciel. Tentent de se rapprocher des circuits informatiques, de la navigation aérienne, civile, navale, aérospatiale … pour mieux explorer l’univers spatial et mieux en tirer les fantasmes. On les appelle les « virtuoses » du virtuel.
§  La propagation du virus, ce sont eux … et vous ne le saurez sans doute jamais. On leur prête l’appellation de Virusmann.

Le narrateur a émis le vœu de voir  ces circuits informatiques se débarrasser des coordonnées de leurs internautes sitôt le retrait de ces derniers effectué. Google venait de l’entendre quinze ans après

LES NAPOLÉONIENS -IV-

§  « De grands messieurs » se plaît-on à les nommer. Il font partie de  « l’intelligentsia », appartiennent aux grands corps de l’État (Sciences po., École de magistrature, Institut d’études stratégiques, École de journalisme, Ecole de police …). On les retrouve dans certains corps de l’armée, dans les services de renseignements extérieurs, dans les R.G., dans la police privée, dans l’Interpol … « Ils portent souvent des gants » pour ne pas laisser de traces. « Evitent de vous serrez la main », non pas par orgueil, mais plutôt pour ne pas se froisser les doigts. Marchent sur la pointe des pieds, pour ne pas « faire de bruit » et surtout pour ne pas attirer l’attention des autres. On ne sait pas pourquoi. Se font un malin plaisir à laisser pousser la barbe, la barbichette, le bouc, le favoris et font passer la pipe sur les commissures des lèvres, à la façon du commissaire Bourrel ou de Maigret. Une manière à eux de jouer de l’effroi qu’ils suscitent. On dit que très jeunes, ils se sont imprégnés de la lecture de magazines ou illustrés tels que Détective, Allô ! Police, de romans d’Agatha Christie, de James Hadley Chase et de scènes de films « les cinq dernières minutes du commissaire Bourrel » ou « les incorruptibles » d’Eliott-Ness.
§  Ils se mettent toujours à l’arrière de leurs troupes le dos au mur et les doigts sur le menton. C’est paraît-il, pour mieux enrichir leur réflexion d’hommes sages et apporter quelque chose, un peu soit-il, à l’humanité. Ils évitent le face-à-face pour ne pas ternir leur image d’hommes respectables. En fait, c’est pour ne pas s’enliser dans les sables mouvants et y laisser des plumes. On dit qu’ils cachent d’innombrables défauts. Ils préfèrent voir les autres s’opposer pour ensuite cueillir des lauriers. Cette méthode considérée par eux comme une réussite est souvent vouée à l’échec. Bonne ou mauvaise, c’est une manière à eux de gérer leurs affaires. En cas de l’une de vos victoires, ils vous diront qu’ils n’ont rien vu, rien entendu, qu’ils ne sont malheureusement au courant de rien. D’ailleurs, ils jurent « par tous les saints » qu’ils n’ont même pas le temps de regarder la T.V. ou de lire la presse. En réalité, ils savent mieux que quiconque ce qui se présage en Europe, en  Amérique, en Afrique et même ailleurs. Ils vous diront même qui est celui qui a partagé la veille la couche de la princesse ………… ou celui qui ira se peloter la semaine prochaine dans les bras de ………. ou encore qui est le père biologique de l’enfant de....... Et si, d’entrée, vous leur demandez « que devient Bernadette Devlin, la Jeanne d’arc irlandaise ? » ils vous diront aussitôt, et sans se référer aux écoutes téléphoniques, qu’elle s’est rendue tôt le matin au marché pour y préparer le repas et cuisiner cette vieille spécialité irlandaise, faite à base de tête de lard, un plat fort apprécié par les irlandais, à des invités qui doivent passer incessamment pour y déjeuner.
 …………. Ils connaissent mieux que certains les causes « exactes » de l’assassinat des Kennedy ou celles du Pasteur Martin Luther King …. Et ça, ils ne le vous le diront jamais. On dit que l’ex ………..…. B…………… appartient à cette catégorie d’hommes.
§  S’enferment dans un véritable verbiage lorsqu’ils se retrouvent entre eux, dans des réunions privées, faute de ne pouvoir interpréter dans leur petit coin leurs fantasmes. Se racontent tout bas des confidences et dans les moindres détails. Se chuchotent et se disent plein de choses dans l’oreille, se passent des « trucs » de main en main. C’est le grand déballage. Même Marthe Richard et ses services ……… en sortiront ébahis et pour la vie ………….
§  Ils se disent prêts à vous aider. Et si vous leur demandez un service ou un conseil, aussi petits que soient-ils, ils vous diront qu’ils vont voir …. Ou que …. Peut-être ?….  Ce n’est point possible ou que la conjoncture n’est guère favorable. En fait, sachez que vous les avez orientés, à votre insu, vers une piste qu’ils ne connaissaient pas, auparavant.
§  Tacticiens, à la manière des avocats véreux, pour ne pas dire stratèges, ils sont loin de l’être. Ils se mettent comme toujours et à chaque fois derrière leurs ouailles, pour mieux, disaient-ils, les juguler et les orienter dans les moments durs de la bataille. En cas de victoire, ils seront les premiers à accourir pour tirer les ficelles et se couvrir de lauriers. En cas de défaite, ils vous diront que leurs consignes n’ont pas été suivies ou que leurs pions n’ont pas été à la hauteur de l’effort consenti.
§  On leur attribue le sobriquet de napoléoniens de la vieille garde.

LES RAVAILLAC -V-

§  Vivent avec un brin de zizanie dans la tète. Effacés, éliminés par le train de la vie, laissés-pour-compte, ce sont des gens qui n’apportent rien au moulin. N’ont pas ou peu fait d’études universitaires. Divorcés, célibataires ou en ménage, ils mènent une vie désordonnée. Ils trimballent avec eux un complexe difficile à porter et à supporter. Ils en veulent à tout le monde et n’y croient en personne et ne jurent que par leur sainteté. Si l’inflation, le chômage, la malvie ont gagné du terrain, c’est la faute aux politiques et à tout le monde, d’ailleurs … hormis eux, qui n’ont rien à avoir là-dedans et qui en sont  d’innocentes victimes. Si vous leur demandez leur avis sur tel ou tel sujet, ils ne vous le diront jamais, pour la simple raison qu’ils en n’ont pas ou qu’ils en sont dépourvus d’idées. Si vous leur parler de leurs parents, qu’ils ont toujours reniés à l’âge adulte, ils vous envoient balader. Mais, vous pouvez devenir intéressant dans le cas où il y’a un héritage en vue ou un pactole à leur remettre. Cette fois, ils vous inviteront à vous asseoir à la même table et entamer des pourparlers. Râleurs en publics, grognards dans les manifs qu’ils encadrent, ils évitent cependant de parler dans l’amphithéâtre ou quand on leur donne la parole tout simplement parce qu’ils ont du mal à s’exprimer ou à exposer publiquement leurs revendications. Ils ne parlent jamais de la victoire des autres mais seulement de leurs échecs. Se délectent de la chute d’autrui (scandale à la Strauss Kahn, affaire du sabotage du Rainbow Warrior et même suicide). Se mettent dans un anti-chambre pour se chatouiller la bedaine et savourer l’intensité de leur plaisir. On les rencontre dans les pubs, dans les clubs privés ou dans les maisons de mauvaise réputation (échangisme, nudisme …).
§  Partisans de « aux armes citoyens l’étendard sanglant est levé …. Qu’un sang impur abreuve nos sillons …. », ils ne cessent de ruminer vengeance sur vengeance. Ce sont des révoltés qui brandissent toujours la hache de guerre. Amateurs de sensations fortes, on les retrouve dans les grands rassemblements, les manifs, là où il y’a l’agitation, la violence, la casse, les échauffourées ……..
§  Nés hors mariage, abandonnés à la naissance, ce sont pour la plupart des enfants de l’assistance publique ou des pupilles de l’Etat recueillis dans les centres de protection de l’enfance. On les retrouve surtout dans les foyers de l’extrême-droite. On dit qu’ils ressortent d’un croisement de gènes d’anciens anarchistes venus d’Italie et d’Espagne, établis depuis longtemps en France. Cette semence variée avec laquelle ils ont été « confectionnés » est certainement la cause de cette agitation fébrile. Ce rejet est sans doute synonyme de compte à régler avec la société.
§  Anarchistes de la première heure, ils passent leur temps à hanter l’hémicycle universitaire à la recherche de nouvelles sensations. On dit que …………….. et …………… appartiennent à cette catégorie de gens. Comptent dans leurs rangs des militants du …….., des néo-nazis, des loubards, d’ex légionnaires et d’anciens marins. Un monde où le contact se fait peu. Ce sont des révoltés. Ils méritent l’appellation de Ravaillac.

LES LOUPE-LOUPE -VI-

§  Hissés sur un escabeau, ils passent leur temps à regarder votre beau jardin, en votre absence, ou à admirer le jardin des autres, à l’insu du propriétaire. Une forme de voyeurisme appelée « le jardin de madame ». Leur plaisir est de voir madame prendre une douche dans la cour de son jardin ou offrir son corps au soleil, allongée sur l’herbe verte de sa pelouse. Ce sont, en grande partie, des jouisseurs. Le comble, c’est qu’ils n’accepteront jamais de montrer le leur pour la simple raison qu’il est mal entretenu ou qu’ils cachent des défauts. Et si jamais, vous vous avisez de leur demander à voir leur jardin, qu’il n’est pas beau, d’ailleurs, ils vous traiteront de voyeurs, de cochons, de malappris. C’est un sacrilège, une atteinte à l’intégrité territoriale, un viol à l’intimité, vous diront-ils. Ce sont des voyeurs. Ils essaient toujours de lire dans les mains, dans les lignes du visage, à travers les formes physiques ou dans les signes des caractères individuels de chacun et même dans la lignée tout comme font les gitans.
§  Curieux de naissance, ils appartiennent à cette grande catégorie de gros voyeurs. Ils vous épluchent, vous décortiquent, vous déshabillent …. Et c’est là, leur plaisir. Ils ne vous diront jamais ce qu’ils pensent ou ce qu’ils ressentent de telles ou telles choses. Ils sont là uniquement pour casser le jeu, pour brouiller les cartes. On les rencontre dans les clubs de presse, dans certains corps de l’armée, dans la police, dans les bureaux de détectives privés, dans les galeries d’art érotique. On dit qu’ils adorent les sensations fortes. C’est normal, ils ont débuté avec les bandes dessinées ; Pic’sou, Bibi Fricotin, Riquiqui, Roudoudou, Tintin, Tartine, Bunny lapin, Tom et Jerry, l’inspecteur Ludovic, Flaire-tout …. C’est la raison pour laquelle ils passent leur temps à regarder par le trou de la serrure.
§  De tendance macho, pour ne pas dire masochiste, ils préfèrent les films où domine le suspense à la Alfred Hitchcock où règne l’épouvante à la Anthony Quinn et où se mêle l’énigme à la Agatha Christie.
§  Un lien de sang très étroit les unit aux Ravaillac. Ce sont en grande partie des rejetons d’une descendance franquiste/mussoliniste. Ils ont hérité, semble t’il, de vieux réflexes de leurs parents gitans ou tziganes que l’on retrouve dans certains coins d’Espagne, d’Italie, de Portugal, de Grèce, de Malte. Tout comme les taupes, ce sont des personnes intelligentes qui préfèrent ne pas quitter leurs bulles.  C’est leur mode d’emploi. On dit qu’ils se cachent pour mourir.
§  On les appelle les Loupe-loupe.

Ain Taya - Belcourt - Hussein Dey

5.      L’EX MAISON DE CAMPAGNE DE MADAME CAMUS –AÏN-TAYA-

Photos prises le 27 juin 2013


       

§   Merveilleux cadre bucolique qui n’est pas sans rappeler le charme de ces vieilles maisons du Périgord et du Languedoc-Roussillon
§   Petit refuge dominé par la brise marine et le soleil du matin qui vous hèlent au loin.
§   Une charmante petite demeure familiale qui conserve toujours l’esprit authentique (quoique légèrement réaménagée à l’intérieur.)
§   Elle fait face à l’ex hôtel-Bar-Restaurant le Tamaris  et jouit d’une magnifique vue sur la mer, en toutes saisons, au printemps comme en été.
§   Un endroit calme et paisible qui vous procure une agréable fraîcheur l’été.
§   … Comme si le ciel, le soleil, la mer… s’étaient associés ici, pour créer un climat serein et savourer ensemble le charme et la douceur de l’endroit.
§   Une belle artère et une longue allée ombragées de hauts palmiers d’arabie, noyées quelquefois, le soir, dans la brume saline de l’eau de mer.
§   Il ne manquerait plus que les longues tiges de paille ou chaume pour recouvrir la toiture de cette vieille maison de campagne et nous retrouver dans les douces chaumières alsaciennes.
§   Jadis, un bel univers champêtre qui aurait inspiré les frères Erckmann-Chatrian à revoir leurs merveilleux contes sur la vieille Alsace et tisser une nouvelle épopée populaire sur Aïn-Taya.
§   Ici, il y’a le bleu azur du ciel, le bleu océan de la mer et le rouge vif du soleil. On n’est pas loin du charme de l’odyssée marine ou marina de l’écrivain Paul Valéry.
§   Aïn-Taya, on aurait dit un portrait d’une scène de vie maritime, signé de la main d’un grand peintre paysagiste.
§   Un charmant petit coin docile, mais farouche par endroits, à la lisière des falaises et sauvagement façonné par l’érosion marine … On dit qu’il est le plus huppé de tout le Aïn-Taya.
§   L’arrivée du prince de Polignac à Aïn-Taya un 17 septembre 1860, le débarquement des alliés ici même un 8 novembre 1942, le naufragé du paquebot américain à Surcouf, non loin de là et au même mois. ..… Autant de vieux souvenirs qui nous font revivre l’univers historique de Aïn-Taya.
§   Souvent le soir, madame Camus faisait la promenade du chien, une laisse à la main. Elle empruntait le long boulevard du Front de mer laissant ce dernier vaquer librement à ses besoins. Elle s’arrêta à l’ombre de la villa des Mammeri ex Palmarini et resta un long moment à regarder le bleu azur de l’océan, comme si elle sentait venir quelque chose à l’horizon, disait-on.

Les circonstances et les causes de l’attentat perpétré contre madame Camus ont été rapportées par les riverains. Quoique connues par bon nombre de personnes, elles ne seront pas soumises à la lecture. 

6.      L’EX COLLÈGE GUÉPRATTE -  LE BELCOURT -

                                                                                          Photos prises le 25 décembre 2016




Distingué, intrépide et téméraire ce Guépratte, tout comme l’est son nom qui le rapproche au mot guépard. Du haut de cette paroi rocheuse, le Guépratte n’en finit toujours pas de narguer la mer comme pour vouloir tenter et pour la énième fois l’aventure, mais cette fois, dans les eaux des Sablettes. Un petit coin farouche, orgueilleux, difficile à apprivoiser où l’on y respire encore la vanité des vieux jours. Son style architectural lui offre l’image d’un muséum des sciences de la mer ou de l’un de ces centres de santé maritime que l’on voit dans les vieux ports européens. Une belle et longue odyssée marine le lie aux eaux sacrées du bain du jardin d’essais qu’il n’arrête pas de contempler de loin. C’est sans doute cette passion périlleuse, mais vaine, pour les eaux tumultueuses du détroit des Dardanelles, qui l’incite à renouer avec le passé, comme s’il avait un compte à régler avec la nature.
Taciturne, strict, mais farouche, on le dit tout de même d’une bonne famille, le Guépratte fut, dit-on, le collège le mieux coté de ce petit Belcourt. Ces vieilles dames de la bonne compagnie lui attribuèrent « la palme d’or » du meilleur collège de cette « petite province » face aux collèges du Golf, d’El-Biar, de Diar-es-saâda …
Ceux qui ont pris place à bord de son embarcation ont fini par « échouer » à la fac d’Alger. Ces grands-mamans, naguère petites collégiennes, qu’il a longtemps porté sur son giron, lui doivent aujourd’hui une fière reconnaissance. Elles continuent toujours de lui jeter des regards passionnés mais craintifs, du haut de cette cabine téléphérique qui relie le Golf et Diar-es-saâda à Belcourt.
Invincible, austère, puritain, le Guépratte promène avec soi un parfum nommé Guépard qui continue toujours d’imprégner le Belcourt et d’embaumer les écrivains de la trempe de Verlaine, Rimbaud, Chateaubriand, Stendhal, Flaubert, Balzac. Un style bien à lui et il en est fier. Le Guépratte aura tout emporté avec lui et ne rien laissé au hasard.

7.      L’EX COLLÈGE JULES FERRY - LE HUSSEIN-DEY –
                                                                                                                                                 
Lui, c’est le collège Jules Ferry. Il porte bien son nom et est fier de sa notoriété publique et de sa haute distinction honorifique. Il n’arrête toujours pas de traîner avec lui cette vieille figure architecturale, symbole de la toute-puissance dynastie napoléonienne. On le voit bien ce monsieur, un chapeau haut-de-forme sur une tète dégarnie, les pommettes en saillie, la moustache embroussaillée et les tempes grisonnantes. Il n’en finit pas non plus de scruter le palais du Dey haut lieu et haut fait d’arme de la Régence d’Alger. Un bel endroit stratégique qui lui permet de dominer à tout moment le vieil et bel Alger. Il en profite et à chaque instant pour saisir au vol ces petites têtes de chérubins en herbe qu’il formera dans le moule de l’instruction laïque. On dit qu’il fut l’un des tout premiers collèges d’Alger à obtenir les bonnes grâces de l’aristocratie française. Fier de sa prestance de grand-maître, il n’arrête pas de poser pour l’immortalité, la main droite légèrement dissimulée sous le veston de son costume d’apparat et les doigts de l’autre main soigneusement posés sur son bureau de travail. Autoritaire, arrogant, distant et peu enclin au sourire, le Jules Ferry continue toujours de croire au vieux rêve de l’hégémonie des classes et des races et au mythe insensé d’une éducation austère. »Mais son temps est révolu » disent les adeptes de la nouvelle école. « Non, il y est toujours présent » répliquent les nostalgiques de la vieille école.
Longtemps confiné dans les salons de l’aristocratie, un beau parfum nommé Impérial nous entraîne cette fois dans les bras de Guizot, Gambetta, Jaurès, Mallarmé, Prosper Mérimée. Quoique l’on dise, le Jules Ferry continue toujours de nous impressionner par ce bel air napoléonien et ce merveilleux style architectural. Et ça, ne l’oublions pas.

8.      L’EX COLLÈGE OLLIVIER – LE BELCOURT –
                                                                                         Photos prises le 25 décembre 2016




Cette fois, et comme pour échapper au « mauvais-œil », une école qui semble sortir de l’anonymat. C’est le collège Ollivier de la rue Von Vollenhoven. Tout le monde s’accorde à dire qu’il est d’une vieille et honorable famille. Il se promène toujours les bras tendus ou quelquefois croisés. Une manière à lui de faire naître et prospérer en vous, l’amour, le bonheur, la piété, le pardon. Il n’arrête pas de sourire, lorsque vous évoquer son emplacement. Facile à le trouver, selon certains, mais difficile à le prononcer correctement, selon d’autres. « Von Vollenhoven », vous dira t’il du bout des lèvres et avec le sourire.
Généreux, chaleureux et de bonnes civilités, le collège Ollivier aura apporté quelque chose dans ce petit Belcourt. Ce quelque chose, on ne le connaît pas. On ne le saura sans doute jamais. On saura néanmoins qu’il a porté aide et assistance aux blessés du 11 décembre 60. Quant au reste et c’est ce qu’il y’a de plus important, il demeure secret d’alcôve. Et si vous lui dites
« Est-il-vrai que vous avez repêché de la rue ces petits gavrochards qui traînaient la savate au marché Les Halles et au souk de Laâquiba* ou qui hantaient le soir venu les cinémas,
Le Roxy, Le Musset, Le Mondial, Le Caméra, Le Ritz, Le Select, Le Shéherazade, pour en faire de bons écoliers ? Il préfère garder le silence et ne pas donner suite à votre question qu’il juge embarrassante ou alors, il vous dira tout simplement « non ! ». Sa simplicité et sa modestie l’empêchent de s’exprimer sur un vieux sujet dont il ne veut tirer vanité. Et si jamais vous insistez une nouvelle fois, pour en savoir beaucoup plus, il vous confie tout bas : « Ce sont de bons élèves qui ont très bien travaillé et qui méritaient d’être récompensés … ». Et comme pour se dérober du sujet, il vous chuchote cette fois à l’oreille.  « Savez-vous qu’on n’est pas loin de la maison familiale d’Albert Camus et que le Belcourt* a bien mérité l’œuvre littéraire de ce dernier…… ».
Le charme de la nouvelle école d’aujourd’hui, c’est lui. C’est dire qu’il a une grande vision du futur. Un parfum doux et discret nommé Camus continue de flotter sur le Belcourt et de promener ce bel air flamand qui a pour noms, Emile Verhaeren, Albert Samain, Maxence Van der Meersh, Philéas Lebesgue, Tristan Derême, Valéry Larbaud …
On gardera toujours en mémoire ces ex enseignants de l’époque des années fin 40 et 50 ; Mrs Soubrillard, Benmacroix, Poussanpess, Né, Mme Clément, ainsi  que les ex directeurs, Mr François, Cuyen, Issiaken …

a.      L’EX MAISON D’ALBERT CAMUS

C’est au …. , rue de Lyon à Belcourt , aujourd’hui Med Belouizdad, face à l’actuel Cercle Sportif de Belcourt ex Club Racing de Belcourt, dans une ancienne maison qui appartenait jadis à sa grand-mère maternelle, qu’Albert Camus a vécu toute son adolescence. Aujourd’hui, cette vieille demeure fait toujours l’objet de curiosités de la part de touristes étrangers ; Français, Allemands, Japonais, Américains, Anglais, Coréens …
M …… , l’actuel propriétaire, souhaite la vendre à une institution officielle et a émis le vœu qu’elle soit achetée par les services du consulat de France. Informé par lettre, celui-ci n’a pas donné suite à l’offre d’achat proposée par …………. « Mon souci, dira ce dernier est que cette maison chargée d’histoire et de vieilles traditions familiales soit réhabilitée selon un bel esprit d’authenticité et de valeurs anciennes afin qu’elle puisse retrouver le cachet et le caractère de l’époque. »
Pour rappel, le lundi 23 janvier 2012, Mr Xavier Driancourt, ambassadeur de France en Algérie  s’est rendu dans la ville d’El Tarf actuelle Annaba pour y procéder à l’inauguration d’une nouvelle plaque commémorative apposée à hauteur de la porte d’entrée de la première maison de l’écrivain, située à Drean ex Mondovi. Sur le fronton, on y lit l’inscription suivante : « Ici est né Albert Camus, prix Nobel de littérature 1957 ». Accompagné du wali de la ville, il a ensuite visité la première école primaire, aujourd’hui baptisée Taleb-el-Ibrahimi, que Camus a fréquenté durant son enfance.
LAÂQUIBA : Il signifie petite pente dans le langage courant arabe. Laâquiba qui comporte une nuance de petitesse est un diminutif ou dérivé de laâgba qui veut dire pente.
BELCOURT : Face à l’ex café « Le Grillon », à hauteur du magasin de vêtements « Tailleur Satour », une inscription timidement cachée sur le fronton de cette vieille bâtisse porte les caractères suivants – LE PETIT BELCOURT – ANNEE 1882. Un bel hommage rendu en ce temps là à ce monsieur entrepreneur – constructeur de ce petit Belcourt.